Stendhaliens, encore un effort !

Stendhaliens, encore un effort !

 

On aura appris avec peine que la revue L’Année Baudelaire cessait
de paraître. Elle n’a pas survécu à la disparition de son animateur
Claude Pichois, ni surtout à une implacable loi économique : son
éditeur, Champion, a estimé qu’elle était trop peu diffusée pour être
rentable.
L’Année stendhalienne, publiée par le
même éditeur, peut légitimement s’inquiéter. Sa diffusion est d’environ
250 exemplaires, ce qui est trop peu. Le Centre National du Livre, qui
la subventionne, a récemment envisagé de réserver son aide aux revues
dépassant 300 exemplaires… A bon entendeur !
L’Année
stendhalienne
a trop peu d’abonnés. Beaucoup la lisent en
bibliothèque. Mais les bibliothèques, aux moyens toujours plus réduits,
s’abonnent de moins en moins. Il est donc très important de s’abonner
pour soutenir une publication vulnérable. Pour qu’elle survive, il est
nécessaire de battre le rappel : abonnez-vous, abonnez les institutions
auxquelles vous appartenez, abonnez vos amis. Trente-cinq euros, certes,
ce n’est pas rien ; mais franchement, pour Stendhal, est-ce trop ?

Merci
pour lui.

Ph. B

Champion, 3 rue Corneille, 75006 Paris.

champion@honorechampion.com
www.honorechampion.com

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L’Abbesse de Castro

L’Abbesse de Castro

« Le bibliophile dauphinois Eugène Chaper possédait deux ouvrages annotés de Stendhal: La Chartreuse de Parme, L’Abbesse de Castro. Aujourd’hui, La Chartreuse Chaper se trouve à la Pierpont Morgan Library de New York. Un stendhalien averti doublé d’un bibliophile (les deux ne sont pas incompatibles) saurait-il ce qu’est devenu L’Abbesse de Castro? La question est posée en vue de l’établissement du texte pour la nouvelle édition de La Pléiade. »

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Colloque « Stendhal et la femme » 13 et 14 octobre 2006

Maison française d’Oxford

Colloque « Stendhal et la femme » 13 et 14 octobre 2006

Colloque organisé par Lucy Garnier (St. John’s College, Oxford)

Avec le soutien de St. John’s College, Oxford, la Modern Language
Faculty d’Oxford, le Service Culturel de l’Ambassade de France,
l’Association des Amis de Stendhal, le Centre d’Etudes Stendhaliennes et
Romantiques et la Society for French Studies

Vendredi 13 octobre 2006

9h30 Accueil des participants

9h45 Adresse d’accueil

Présidence : Elaine Williamson (University of London Institute
in Paris)

10h00 Béatrice Didier (ENS) « La femme au XVIIIe siècle selon
Stendhal »

10h30 Richard Bolster (University of Bristol) « Stendhal et
une romancière anglaise: Maria Edgeworth »

11h00 Questions

11h30 PAUSE

Présidence : Philippe Berthier (Université de Paris III)

12h00 Catherine Authier (Université de Versailles-St. Quentin
en Yvelines) et Lucy Garnier (St. John’s College, Oxford) « Giuditta
Pasta, le travestissement et la « féminité »chez Stendhal»

12h30 Maria Scott (NUI Galway) « Entre femmes: amitié et
communauté féminines chez Stendhal »

13h00 Questions

13h30 DEJEUNER

Présidence : Christopher Thompson (University of Warwick)

14h30 Caroline Warman (Jesus College, Oxford) « La
cristallisation, ou vocabulaire de la matière amoureuse »

15h00 Hélène Spengler (Université de Savoie) « L’énergie et
la question du sexe chez Stendhal »

15h30 Questions

16h00 PAUSE

Présidence : Elizabeth Fallaize (St. John’s College, Oxford)

16h30 Philippe Berthier (Université Paris III) « Stendhal
entre Julia et Simone »

17h00 Martine Reid (Université de Versailles-St Quentin)
« Mme de Rênal et le personnage féminin. Réponse à Pierre Barbéris »

17h30 Questions

18h00 FIN

18h30 Dîner à St. John’s College (St.
Giles House)

Samedi 14 octobre 2006

Présidence : Marie-Rose Corredor (Université Grenoble-III)

9h00 Alexandra Pion (Université de Paris XII) « Stendhal et
la séduction »

9h30 Xavier Bourdenet (Université de Franche-Comté) « Mme
Grandet, ou comment l’amour vient aux femmes »

10h00 Yves Ansel (Université de Nantes) « De l’idéal féminin
de Stendhal : la femme en deux volumes »

10h30 Questions

11h00 PAUSE

Présidence : Maria Scott (NUI Galway)

11h30 Marie de Gandt (Université de Nice) « Lamiel :
figure de l’esprit »

12h00 Marie-Rose Corredor (Université Grenoble-III) « La
« mère morte » »

12h30 Questions

13h00 Christopher Thompson (University of Warwick) Clôture

13h15 DEJEUNER

Pour plus d’informations ou s’inscrire aux déjeuners/dîner
écrire à
lucy.garnier@sjc.ox.ac.uk

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L’Incroyable Saga Des Torlonia. Des Monts Du Forez Aux Palais Romains

Une « figure à argent » : Giovanni Torlonia

 

Si les lecteurs de Rome, Naples et Florence, des Promenades
dans Rome
et de Vanina Vanini, comme ceux du Comte de Monte-Cristo,
connaissent les réceptions fastueuses que Giovanni Torlonia, « riche
banquier fort juif », « fort avare et un peu fripon », au jugement de
Stendhal, donnait dans son palais de la place de Venise, sans doute
ignorent-ils sa fabuleuse histoire et celle de la dynastie qu’il fonda.
Les stendhaliens, qui ont lu la brève étude d’Aimé Dupuy (Stendhal
club
, 15 oct. 1968) et parcouru la correspondance du consul,
disposeront désormais du solide et agréable ouvrage de référence
qu’Henri Ponchon a consacré aux
Torlonia, les Rothschild de Rome, objet de nombreuses études en
Italie, mais rarement évoqués en France : Henri Pourrrat
a consacré quelques lignes de son Gaspard des montagnes
au fondateur de la lignée ; Jean Anglade l’a évoqué dans un roman
historique, Qui t’a fait prince ? (1992). Giovanni
Torlonia (1754-1829)est le petit-fils d’un fort modeste marchand de
toiles du Forez, Antoine Tourlonias, et le fils de Marin Tourlonias
(1725-1785), né à Augerolles (Puy-de-Dôme), qui s’installa à Rome en
1750, où il italianisa son patronyme en Torlonia. Après un détour
nécessaire chez les Tourlonias du Forez, famille de forgerons et de
marchands, H. Ponchon, généalogiste émérite, tente de reconstituer
l’étonnant parcours de Marin qui se serait donc fixé à Rome, au service
d’une de ses relations familiales, l’abbé de Montgon, agent de Philippe
V d’Espagne, lequel eut de si sévères démêlés avec le cardinal de Fleury
qu’il préféra se réfugier dans le palais Zuccari, tout près de la
Trinité des Monts, où séjournèrent Reynolds, les Nazaréens, et même le
grand Winckelmann. D’abord valet de chambre puis marchand de soieries et
draperies, Marino épouse la fille d’un émigré français et d’une notable
allemande. Le couple aura quinze enfants dont Giovanni, « ce fameux
marchand de fil » (Stendhal), le héros de la famille, qui fondera la
dynastie princière des Torlonia, avec l’aide de son frère Giuseppe. Le
commerce prospère tant et si bien que les Torlonia se consacrent à la
banque. Quoique Giovanni n’ait pas été immédiatement accepté dans le
corps des banquiers romains, il réussit à faire de sa maison la première
sur la place de Rome. Son fils Alessandro lui succèdera et, de 1829
jusqu’en 1860, dirigera la banque qui sera vendue en 1869 et mise en
liquidation en 1872.

Le chapitre III retrace l’« irrésistible ascension » de Giovanni qui sut
profiter des bouleversements provoqués par la Révolution française :
banquier de la papauté (qui le fera marquis puis duc), mais aussi
fournisseur des armées de la République, approvisionneur de la
République romaine, banquier de tous les Bonaparte et de la noblesse
romaine, représentant à Rome du prince de Fürstenberg (qui le fera noble
d’Empire en 1794), et chargé des intérêts de la Pologne, etc. Une telle
réussite suppose bien évidemment des capitaux disponibles et une grande
intelligence financière. La banque Torlonia sera comparable à celle des
Rothschild, mais de moindre envergure : d’abord des opérations de change
et l’utilisation de capitaux d’origine commerciale inemployés, puis
l’acceptation d’effets émis en Europe par la papauté. Au long des vingt
années de conflits entre la France et le Saint-Siège, G. Torlonia sera
présent à toutes les étapes, naviguant entre la papauté et les
gouvernements que la France lui impose . Son nom apparaît fréquemment
dans les dépêches françaises, notamment lors de l’assassinat de
Basseville, l’imprudent secrétaire d’ambassade dont Stendhal a raconté
la fin tragique d’après Monti, et dans les rapports de Cacault quand la
France imposa au pape l’armistice de Bologne (1796). Giovanni devient
alors le banquier d’un pape qui n’a pas assez d’argent pour payer la
contribution d’armistice. Comme la France accepte d’être payée en
fournitures, de l’alun notamment
(qui avait fait la fortune des Chigi au XVIe siècle), il va en
assurer le transport par Civitavecchia. Après le traité de Tolentino
(1797), notre homme intervient encore en signant de nombreuses lettres
de change pour le pape ; il signe même un compromis avec la France. Il
poursuit son ascension en participant avec beaucoup d’habileté et un peu
de chance à des opérations toujours juteuses en période troublée :
fournitures pour les armées,
approvisionnement de la ville de Rome, achat de biens nationaux,
participations financières diverses (tissages, bois, etc.) La banque
Torlonia est une des plus solides et des plus prospères et, à la chute
de la République, Giovanni se retrouve propriétaire d’immenses domaines
entre Rome et la mer. Son principe : « Crescere a dismisura ».
A la fin du siècle, suite à l’explosion des bénéfices entre 1797
et 1800, sa fortune est faite ; il est considéré comme le plus riche
banquier de l’Italie. Il met sa bourse et son crédit au service des
cardinaux pour le conclave de1799, mais ses relations seront difficiles
avec le cardinal Consalvi, le nouveau secrétaire d’Etat nommé par Pie
VII.

Tout aussi intéressantes les pages consacrées à la vie sociale des
Torlonia, à l’éducation de leurs enfants, à leurs familiers et invités,
et même à leur lointaine parentèle : à la mort de son oncle Joseph
Tourlonias, simple voiturier d’Aubusson d’Auvergne, Giovanni Torlonia,
déjà immensément riche, réclame sa part ! Il a acheté le vaste
territoire de Roma Vecchia, ferme érigée en marquisat par le pape ; en
1803, il acquiert le duché de Bracciano, titre qu’il portera à partir de
1809 et que voyageurs et chroniqueurs mentionnent inévitablement. En
1809 également, il devient patricien romain, honneur que lui accorde Pie
VII pour services rendus : il entre donc dans la haute noblesse romaine,
aux côtés des Borghese, Colonna, Orsini. En 1814, il est fait prince
après l’achat du château et du domaine de Civitella Cesi. Sa quête
nobiliaire s’achève en 1820 par l’achat du duché de Poli et Guadagnolo.
Sur tous ces châteaux, villas, palais et tombeaux – à
Saint-Jean-de-Latran, la chapelle funéraire des Torlonia est « décorée
comme un café », (Edmond About) – il appose de très parlantes armes
composées d’un bandeau de six roses d’or sur fond bleu
parcouru par deux étoiles filantes : sic itur ad astra
aurait dit Coffe ! S’il n’est en 1810 qu’au dix-septième rang des plus
riches romains – le prince Borghese caracole en tête avec 2.605 810 écus
?, en 1820 sa fortune est évaluée à 1. 082 758 écus, dont 85% en biens
immobiliers. A sa mort il laisse un patrimoine de trente-cinq millions
d’écus ! Ses enfants et petits-enfants vont épouser les rejetons des
familles en tête de liste : par exemple, la princesse Anna Maria, unique
héritière du colossal patrimoine d’Alessandro Torlonia, épousera le
prince Giulio Borghese, lequel devra adopter
le patronyme de son épouse pour perpétuer l’illustre nom.

Dans la saga des Torlonia, Giovanni aura pour successeur Alessandro
(1800-1886), son fils cadet, le « Rothschild de Rome ». Le fils aîné,
Marino (1796-1865), moins connu, sera un esthète doublé d’un viveur ;
quant à Carlo (1798-1848), il sera le saint homme de la famille et un
ami des arts. A noter l’attention que Giovanni porta aux enfants nés
d’un premier mariage de sa femme, dont « ce bon Chiaveri », mort du
choléra en 1837, que Stendhal apprécia. Alessandro, qui épouse en 1840
Teresa Colonna (ce qui lui permet d’ajouter à ses armoiries la très
fameuse colonne), distingué entre tous par son père, fut bien sûr
banquier et homme d’affaires, mais aussi collectionneur et mécène (sur
cette activité rapidement évoquée, voir Barbara Steindl, Mäzenatentum
in Rom des 19 Jahrhunderts. Die Familie Torlonia
, 1994). Au nombre
de ses opérations, l’assèchement du lac Fucino, sa grande œuvre, (auquel
César avait déjà pensé et que tenta de réaliser Claude) lui vaudra le
titre de prince de Fucino, l’adjudication de la ferme des sels et tabacs
que Stendhal mentionne dans ses lettres et rapports à Rigny, Broglie et
Guizot. Au vu des services financiers rendus à la papauté, on comprend
que Pie VIII l’ait appelé « le père de la patrie » et qu’il ait dit à
Anna-Maria Torlonia, épouse de Giovanni : « Votre fils est le mien, il a
sauvé l’Etat » ! (Propos rapportés par Stendhal à son ministre). Les
Torlonia accèderont au rang de prince assistant au trône pontifical,
charge qui est encore aujourd’hui dans la famille. Alessandro développe
son partenariat avec les Rothschild (caisse d’amortissement de la dette
publique, emprunts d’Etat), prend de nombreuses participations (mines,
transports, commerce de la laine, etc.) En même temps il agrandit et
transforme palais et villas achetés par son père. Les galeries et salons
de la véritable reggia qu’est devenu place de Venise le
palais Torlonia, ex-palais Bolognetti (démoli au début du XXe siècle),
sont ornés de sculptures antiques et d’œuvres d’artistes contemporains
(Canova, dont Stendhal admirera le groupe d’Hercule lançant
Lycas à la mer
, Thorwaldsen, Galli). A cela s’ajoute une
collection archéologique décrite par Oliviero Ozzi en 1902 et par Jörgen
Hartmann en 1967. La villa Torlonia, via Nomentana, acquise des Colonna
en 1797, est restructurée par Giuseppe Valadier de 1802 à 1806, puis par
Caretti et Raimondi, sur le modèle de la villa Adriana, avec casino
et théâtre. Il y a aussi le palais Torlonia au Borgo (via della
Conciliazone), avec ses vastes
salons où Alessandro reçut des milliers d’invités et organisa des fêtes
mémorables de 1840 à 1845, la villa Albani, achetée en 1868, avec
l’ancienne collection Albani, le musée Torlonia de la via della Lungara
(constitué à partir de l’ancienne collection Giustiniani, sur les
conseils de P. E. Visconti), les théâtres de l’Apollo, de l’Argentina –
cédé à la ville de Rome – et la salle de l’Alibert. Luxe écrasant de
nouveaux riches ? Il vaudrait la peine de comparer les Torlonia père et
fils à Mayer Amschel Rothschild et à ses cinq fils installés dans les
cinq grandes places européennes (Francfort, Londres, Paris, Vienne et
Naples – mais pas à Rome !), qui rivalisent de magnificence et dont les
collections d’art sont fabuleuses (Voir Pauline Prévost-Marcilhacy, Les
Rothschild bâtisseurs et mécènes
, Flammarion, 1995).
G. et A. Torlonia furent à Rome des personnages-clés et leur nom est
resté quasi-légendaire car, comme le veut le proverbe : à Dieu et à
Torlonia, tout est possible.

Dans son épilogue, Henri Ponchon cite opportunément Stendhal, pourtant
rien moins que tendre pour les enrichis qui se piquaient de parler
littérature, art ou musique : « Quel que soit un homme à millions, en
employant les meilleurs sculpteurs et architectes de son siècle, il a
une chance d’être immortel. »

Michel Arrous

L’ouvrage est disponible dans quelques librairies. Consulter l’auteur :
henri.ponchon@wanadoo.fr
, ou www.fnac.com

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Stendhal, le désir de cinéma suivi des Privilèges du 10 avril 1840 de Stendhal

Laurent Jullier & Guillaume Soulez, Stendhal, le désir de
cinéma
suivi
des Privilèges du 10 avril 1840
de Stendhal.
Coll. Carré Ciné, édition Séguier-Archimbaud, 2006

En avril 1840, Stendhal rédige les Privilèges. A
travers ces étranges rêveries de toute-puissance, se lit une sorte de
préfiguration des pouvoirs du dispositif cinématographique qui sera mis
au point cinquante ans plus tard. Comment ce désir de cinéma entre-t-il
en résonance avec le réalisme si particulier de Stendhal, souvent
illustré par le travelling imaginaire du miroir que l’on promène le long
d’un chemin dans Le Rouge et le Noir? Les auteurs ont mené
l’enquête au sein de la réflexion esthétique stendhalienne. Ils
décrivent l’effet sur Stendhal de la transformation du spectateur en ce
début du dix-neuvième siècle, avec l’apparition des nouvelles machines à
images. Ils reviennent sur sa théorie de la sensation, en particulier à
l’aune des recherches contemporaines sur les expériences de pensée et
les mondes possibles. Pourquoi ce montage des reflets auquel se livre
Stendhal nous apparaît-il aujourd’hui comme quelque chose de
cinématographique?

Enjeux de l’oouvrage :

– A partir de Stendhal, comprendre comment la « pensée-cinéma » – la façon
dont les films et leurs cinéastes pensent notre rapport au temps, à la
réalité du monde, à notre corps et à notre perception, etc. – naît et se
développe dans la littérature, avant (Stendhal, Baudelaire) puis après
(Proust, Barthes) l’invention du Cinématographe par les Frères Lumière
(1895).

– Situer la réflexion stendhalienne – en particulier sa théorie de la
sensation – dans la mutation qui se produit au début du XIXe s. avec
l’invention de nouvelles machines à images (phénakistiscope,
stroboscope, diorama, géorama). Celles-ci préfigurent le double
dispositif paradoxal du cinéma illustré par le générique du Mépris
de Godard : interroger le représenté et proposer un processus
d’identification « qui s’oaccorde à nos désirs », comme le propose déjà le De
l’amour
de Stendhal.

– Revenir sur l’interprétation traditionnelle de la définition
stendhalienne du roman, comme « miroir que l’on promène le long d’oun
chemin » (in Le Rouge et le Noir, 1830), entendu jusqu’à
présent comme une sorte de « photographie » du réel en mouvement,
définissant le réalisme stendhalien, alors que la photographie n’a pas
encore été inventée et que la notion de miroir revêt d’abord un sens
moral, politique et satirique. Ce qui propose un tout autre rapport
entre l’écriture et la réalité.

– Comprendre l’importance de la question de la « position »(sociale,
visuelle, imaginaire) dans l’esthétique de Stendhal pour montrer comment
elle préfigure les jeux cinématographiques autour du « point de vue ».
Suivre par ce biais le parcours de cette notion du cinéma à la
littérature (roman américain, Nouveau roman) et retour.

– Proposer une lecture contemporaine de la pensée-cinéma de Stendhal
avec l’aide de la théorie des mondes possibles et celle des expériences
de pensée.

Auteurs :

Laurent Jullier est professeur à Paris III-Sorbonne Nouvelle. Il a écrit
de nombreux livres sur le cinéma dont Hollywood et la difficulté
d’aimer
, chez Stock (prix du meilleur essai 2004 du Syndicat
français de la critique de cinéma).

Guillaume Soulez est maître de conférences à Paris III-Sorbonne
Nouvelle, associé au CNRS. Agrégé de lettres, ancien élève de
l’ENS-Lettres et Sciences Humaines, fondateur de la Voix du regard,
il a dirigé plusieurs numéros de revue, dont Penser,
cadrer : le projet du cadre
(L’Harmattan).

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Revue HB N° 7-8

Vient de paraître : HB n° 7-8

Clarisse Réquéna, « Prosper Mérimée : Le Cor au pied, une plaisanterie
oubliée ».
Dossier : Stendhal et la singularité

Serge
Sérodes, « Erotique et singularité dans la fiction stendhalienne »
Pierrette
Pavet-Jörg, « L’imprévu : une clé de la singularité chez Stendhal? »
Kosei
Kurisu : « Idée de la singularité dans les romans de Stendhal »
Pierrette-Marie
Neaud, « Vanina Vanini : une génie singulier »
Varia

Gabrielle Pascal : « Stendhal et la vie »
Florence
Boussard-Umdenstock, « Stendhal et la médecine romantique »
Edwige
Thomas, « La tentation géométrique dans la vie de
Henry Brulard
 »
Christian Pierre, « Note sur la fonction des
croquis dans les oeuvres autobiographiques de Stendhal »
Nobuhiro
Takaki, « L’hypothèse du voyage à Grenoble en 1828 : précisions sur la
genèse du Rouge et le Noir »
Kosei
Kurisu, « Stendhal et Mishima. Armance et Vanina Vanini,
deux oeuvres à l’origine de l’inspiration créatrice »
Sandrine
Berthelot, « Robert Macaire charivarisé »
Patrick
Brunel, « Henri de Montherlant : un écrivain beyliste ? »
Michel
Crouzet, « Mérimée, Stendhal et l’héroïne capricieuse : Lamiel et Carmen »
Notes

Takahi Gohira, « La publication de Stendhal
aux mille couleurs »
Marthe Peyroux, « Le Colisée. Piranèse,
Stendhal et Marguerite Yourcenar. A chacun ses raisons d’admirer ».
Akbar
Asghari Tabrizi, « L’Enlèvement de la redoute de
Prosper Mérimée. Une relation stendhalienne d’un épisode de la campagne
de Russie ? »

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Transcriptions et annotations du fonds Bucci

Consultation des transcriptions et annotations du fonds Bucci à Milan

Le Centre stendhalien de Milan a mis en ligne sur le site de la Bibliothèque communale de Milan les numérisations et les transcriptions des annotations relevées sur les ouvrages de Stendhal faisant partie du fonds Bucci.

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Manuscrits numérisés de la Vie de Henry Brulard

Mise en ligne des manuscrits numérisés de la Vie de Henry Brulard

La Biliothèque municipale d’étude de Grenoble a mis en ligne à l’adresse: http://www.arkhenum.fr/bm_grenoble/stendhal/ les manuscrits numérisés de la Vie de Henry Brulard ainsi que leur transcription à partir de l’édition diplomatique procurée par Gérald et Yvonne Rannaud aux éditions Klincksieck.

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Lectures à la roseraie du Jardin de Ville de Grenoble: Stendhal, une jeunesse grenobloise

Lectures à la roseraie du Jardin de Ville de Grenoble: Stendhal, une jeunesse grenobloise

Grenoble Ville-lecture en partenariat avec le Cabaret frappé

Lectures à la Roseraie

De 20h à 21h à la roseraie du Jardin de Ville

Vendredi 28 juillet: Stendhal, une jeunesse grenobloise

Henri Beyle dit Stendhal est né à Grenoble en 1783 et a grandi dans le quartier du Jardin de Ville, ses mémoires évoquent pour nous la vie des grenoblois en ces lieux familiers il y a plus de 200 ans…

Auteur: Stendhal, extraits de la Vie de Henry Brulard

Comédiens Françoise Vergely et Serge Dombrowsky Cie Bel Ami

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Provenance des cahiers du Journal de Stendhal

Provenance des cahiers du Journal de Stendhal

La Bibliothèque municipale de Grenoble, déjà détentrice de la quasi-totalité des manuscrits du Journal de Stendhal disséminés sous différentes cotes, vient de s’enrichir des cahiers provenant des collections Edouard Champion – Pierre Berès.. Comment expliquer que ces manuscrits aient échappé au legs de Stendhal à son ami d’enfance Louis Crozet et, par voie de conséquence, au don fait par Mme veuve Crozet à la bibliothèque en 1861 ? La réponse à cette apparente énigme est apportée, une fois encore, par l’irremplaçable V. Del Litto qui, il y a seize ans, révélait l’existence d’une longue note manuscrite de Romain Colomb décrivant par le menu sept cahiers du Journal qui lui avaient été confiés par Adolphe de Mareste (référence : V. Del Litto, « Les péripéties de quelques autographes de Stendhal – documents inédits ». Stendhal Club N° 128, 15 juillet 1990, p. 391-403 ; recueilli dans Une somme stendhalienne, p. 1741-1752).

Mareste avait récupéré les cahiers parmi d’autres manuscrits venant de Milan (M.v.d.M.) auprès de Luigi Buzzi, l’ami milanais de Stendhal, un an après la mort de ce dernier, en 1843, et au lieu de les remettre à Louis Crozet, leur légitime propriétaire en tant que légataire de l’écrivain grenoblois, les avait oubliés pendant 12 ans dans ses affaires. On sait que Stendhal, en quittant précipitamment Milan en juin 1821, avait laissé sur place ses livres et ses manuscrits à Buzzi (ne pas confondre avec Bucci, de Civitavecchia) et ne s’en était plus soucié après. Colomb, pour qui tout ce qui venait de son cousin était sacré, ne manqua pas, selon une habitude contractée de son métier de chef comptable, de dresser un inventaire détaillé des sept cahiers. C’est cet inventaire qui a été publié par Del Litto en 1990. Il lui avait été confié par Robert d’Illiers, le descendant de Colomb. Or il ne s’est pas retrouvé dans les archives de son fils Bertrand lorsque j’y ai eu accès en 1996, resté, vraisemblablement par négligence, dans les papiers de Del Litto, aujourd’hui envolés à Moncalieri (1). Du moins sa publication dans Stendhal Club rend-elle possible une comparaison du contenu décrit par Colomb avec les cahiers en provenance de la collection Berès.

Après avoir collationné et décrit les cahiers, Colomb ne les restitua pas à son propriétaire légitime (Crozet), mais les rendit à Mareste de qui il les tenait, comme l’atteste une note liminaire : « Manuscrits de Beyle, retrouvés par de Mareste le 22 mars 1855 (ils lui avaient été remis à Milan, en 1843, par M. Buzzi) et qu’il m’a envoyés en communication. – Renvoyés le 30 mars et le 12 avril 1855 avec une lettre ». On notera tout de suite que, des sept cahiers décrits par Colomb, le 5ème , celui contenant la célèbre Consultation pour Banti porte la mention : « Ce cahier appartient à M. Louis Crozet ». Il aurait dû en toute logique revenir à Crozet et se retrouver par la suite dans le dépôt fait par Mme Crozet en 1861 à la bibliothèque de Grenoble. Pourtant, il dut rester chez Colomb et, après sa mort en 1858, échoir à l’une de ses filles, Claire. C’est par cette voie qu’il entra en possession d’Auguste Cordier, puis de Casimir Stryienski (décédé en 1912). Il passa en vente en 1957 et en 1959 et par la suite dans les ventes Sacha Guitry (1974, n° 92) et Col. Daniel Sickles (1989, n° 195). Remis une nouvelle fois en vente le 16 décembre 1993, il fut préempté pour la somme de 110.000 F (sans les frais) par la Bibliothèque de Grenoble.

Mareste conserva les 6 autres cahiers par devers lui jusqu’à sa mort en 1867. A partir de là, on en perd la trace jusqu’à ce qu’ils réapparaissent entre les mains du pasteur Maystre, de Genève, duquel les acheta le libraire Henri Leclerc. C’est de ce dernier que le célèbre collectionneur d’art, de livres et de manuscrits (possesseur, entre autres, du portait de Stendhal par Södermark, aujourd’hui à Versailles), Me P-A. Cheramy, les acquit le 16 mai 1900, avec d’autres manuscrits et de nombreuses lettres de Stendhal (ref. Adolphe Paupe, « Les manuscrits de Stendhal », L’Amateur d’autographes, mai 1912, p. 335-336 ; par la suite dans La vie littéraire de Stendhal , Champion, 1914, p. 71-72).

Après la mort de Cheramy, en 1912, les cahiers passèrent en vente à l’Hôtel Drouot le 23 avril 1913 (ref. Catalogue de sa vente, n° 25 et n° 26). Ils se présentaient alors sous la forme de deux gros volumes reliés en veau fauve, dos ornés et pièces rapportées. Ils furent acquis à cette vente par l’éditeur et collectionneur Edouard Champion. Celui-ci étant décédé en 1938, ses héritiers vendirent sa bibliothèque entière au libraire Pierre Berès, lequel opéra un tri, conserva ce qu’il y avait de plus précieux (dont il revendit une très grande partie dans sa librairie) et donna le reste à la BN. C’est Pierre Berès qui fit relier les cahiers par Pierre-Lucien Martin, dans l’état où ils se présentent aujourd’hui. Des 6 cahiers rachetés des héritiers d’Edouard Champion, Berès n’a pas hésité à en démembrer un, celui contenant les Love Letters, c’est-à-dire les brouillons des lettres d’amour à Métilde, manuscrit autographe de 74 pages in-4 (ref. Bulletin Pierre Berès n° 41, septembre 1961, 90.000 NF) et des pages du Journal de 1819 (ref. Vente Sickles, 18-19 mars 1993, XIII, n° 5551).

Depuis leur publication, qu’on suppose incomplète et fautive, dans le Journal de la grande édition Champion, on en avait perdu toute trace jusqu’à leur réapparition en 2003, dans le cadre de l’exposition organisée par la bibliothèque de Chantilly. Ni Martineau ni Del Litto n’y avaient eu accès pour l’établissement de leur édition du Journal dans la Bibliothèque de la Pléaide. Les cahiers ont été préemptés par la Bibliothèque de Grenoble pour la somme de 800.000 € (937.000 € avec les frais), contre le libraire J-C. Vrain agissant sur ordre, à la vente du cabinet des livres de Pierre Berès le mardi 20 juin 2006.

En résumé : Luigi Buzzi (1821) — Adolphe de Mareste (1843) — Romain Colomb (1855) — Adolphe de Mareste (1855, jusqu’à sa mort en 1867) — X (localisation inconnue pendant une période indéterminée) — le pasteur Maystre, de Genève — le libraire Henri Leclerc — P-A. Cheramy (1900) — Edouard Champion (1913, jusqu’à sa mort en 1938) — Pierre Berès (après 1938) — Bibliothèque de Grenoble (vente Berès, 20 juin 2006).

(1) On ne regrettera jamais assez que la ville de Grenoble, à défaut de s’opposer au testament tardif et suspect de Del Litto, n’ait pas au moins exigé un inventaire de ces papiers avant de les laisser emporter à Moncalieri.

Jacques Houbert

(28 juin 2006)

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